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Le prisonnier

--> Je ne suis pas un numéro

Voilà bientôt un an que je vous ai quittés, vous mes amis fidèles, mes disciples dont l'amour sincère m'a toujours réchauffé le coeur. Ces mois ont dû vous sembler bien longs, votre solitude inévitable en mon absence accentuée par mon silence pesant. Je m'en veux mes enfants, de vous avoir causé ce chagrin. Mais vous devez comprendre que la béatitude dans laquelle je vivais était un piège dont les parois invisibles me masquaient vos larmes lourdes et mes tourments intérieurs. Aujourd'hui, j'ai ouvert les yeux, et j'ai vu la Lumière. Approchez mes amis et répandez la bonne parole : je suis de retour dans ce monde, dont la médiocrité est inversement proportionnelle à mon intelligence grandiose, afin de répandre bonheur et connaissance sur mon sillage.

Mais je vous sens curieux comme les petits oisillons tombés du nid que vous êtes encore un peu. Allons, ne niez pas, vos yeux candides sont un livre ouvert pour moi, livre dans lequel je lis sans difficultés les triviales et si incompréhensibles émotions du commun des mortels. Sachez mes amis que je ne suis pas chien et que je garde une certaine tendresse pour les sentiments enfantins, aussi je vais satisfaire votre curiosité. Comme certains d'entre vous l'avaient sans doute pressenti (il y aurait beaucoup à écrire sur les facultés divinatoires des innocents), je séjournais dans le beau pays de Québec de mon fidèle ami Yargo. Il y aurait long à dire sur les longues soirées d'hiver que j'ai passées en sa compagnie, mais je ne veux pas vous ennuyer en vous parlant de mon plaid posé bien à plat sur mes jambes, de la discrète touche de cognac que mon frère d'esprit versait sans mot dire dans ma verveine, des silences complices qui s'installaient parfois, seulement rompus par le craquement discret des bûches dans la cheminée, non, je ne vous parlerai pas de nos conversations enfiévrées sur l'angle de pénétration idéal de la balle dans le but, en fonction de la température ambiante et des vents thermiques variant selon l'emplacement des vendeurs de pop-corn, je garderai pour nous seuls ces fous rires qui nous saisissaient parfois en évoquant les pitoyables performances tactiques de la ligue depuis que Yargo n'y officiait plus, à quoi bon vous parler de tout cela puisque vous n'y comprendriez rien. Aussi je préfère garder tout ceci dans les replis secrets de mon esprit supérieur. Ne retenez qu'une chose mes petits oisillons, j'étais alors aussi heureux que vous l'êtes à présent que vous avez appris mon retour.

Cependant, il en est de la félicité comme du cassoulet : consommée avec excès elle trouble la digestion et alourdit le corps. Mes muscles d'athlète s'avachissaient peu à peu et s'il n'est pas l'hôte d'un corps sain, l'esprit dépérit... Mes conversations avec Yargo avaient beau être toujours aussi passionnantes (et passionnées), je sentais confusément que le fait de n'être confronté qu'à un interlocuteur unique, aussi brillant soit il, ne pouvait que me voiler l'esprit, comme une roue de vélo heurtant toujours le même trottoir finirait par perdre sa ronde perfection. Il me fallait l'excitation de la nouveauté pour regénérer ma psyché, j'avais besoin de la médiocrité ambiante pour y poser les fondations de mon intellect supérieur. Je fis part de mes résolutions à mon compagnon de philosophie qui m'approuva entièrement et sans hésitation aucune, tout en me recommandant de bien demander 5000 euros pour ma prose. Sentant combien la séparation allait être dure, je résolus de partir aussi vite que possible. J'enfilai quelques vêtements chauds, un bonnet avec un charmant ponpon en forme de coeur que Yargo avait gagné à une baraque foraine, et couvrais ma bouche avec un cache-nez tricoté par ma grand-mère maternelle. Dehors c'était l'hiver et, ainsi carapaçonné, je m'enfonçai sur le chemin de l'Aventure...

J'avais fait le choix de partir pour l'Alaska à la recherche du célèbre Lamanzer. J'étais résolu à traverser le grand nord d'Est en Ouest sur les traces de Jack London et des fiers chercheurs d'or du Klondike. Je m'imaginais déjà avaler les kilomètres le long de pistes oubliées de tous, allez Rex ! allez Croc-Blanc ! - tirez mon traîneau fidèles compagnons à quatre pattes dont le regard chaud dit combien on peut m'aimer, ne prêtez pas attention aux loups qui hurlent dans la forêt, la faim me tenaille aussi mais si la chance me sourit nous mangerons de l'ours ce soir ! Néanmoins, après quelques mètres dans la sloche, je résolus finalement de héler un taxi que je chargeai de me mener au plus proche aéroport car j'avais les pieds humides et froids. De là je pris un avion pour Anchorage où j'atteris quelques heures plus tard, ayant été à peine incommodé par quelques trous d'air.

Les formalités douanières accomplies, je partis à la recherche du coach des Killa Clowns. La tâche me sembla tout d'abord d'une facilité toute enfantine, ce qui peut paraître logique de prime abord lorsque l'on cherche un clown. En effet, la rue où me déposa la navette de l'aérodrome semblait remplie de fans des Killa Clowns. Quelle chance pour moi, enfin, je dis chance mais vous aviez bien sûr compris que mon esprit supérieur m'avait mené là où il le souhaitait en jouant sur mon subconscient. Toujours est il que tous ces gens qui arboraient un nez rouge étaient une preuve flagrante que j'étais sur la bonne piste. Je me résolus à interroger un indigène. Le sabir grossier des habitants du cru ne saurait égaler en rien la finesse et la subtilité de notre bonne langue de Molière, mais je réussis néanmoins à me faire comprendre en n'hésitant pas à recourir à moultes gesticulations des quatre membres et autres languages corporels.

Quelle ne fût pas déception en comprenant que mon vis-à-vis n'était pas un fan des Killa Clowns mais plus prosaïquement quelqu'un qui souffrait du grand froid. A l'heure où j'écris ces lignes, je ne peux m'empêcher de penser que seule une branche débile de l'humanité n'aurait pû s'adapter génétiquement aux conditions environantes après plusieurs générations, mais je fis le choix de garder cette réflexion pour moi même. Après plusieurs tentatives infructueuses auprès de passants pressés de passer sans me voir, j'entrai dans ce qui me sembla être une sorte d'abri pour voyageurs, signalé par de nombreux néons colorés. L'ambiance y était chaleureuse et la bière semblait y couler à flots dans une ambiance bon enfant. J'étais sans doute tombé sur une fête locale et je profitai sans vergogne de la coutume indigène qui voulait visiblement que la bière soit consommée gratuitement et à volonté à cette occasion. Il régnait un certain vacarme aussi je décidai de simplifier mon approche. Je pointai mon index droit sur mon voisin de tabouret en lançant un vibrant "You clown !" plein de ferveur et d'espoir. Malheureusement j'avais sans doute enfreint par mégarde quelque tabou ancestral puisque ce simple geste fût le départ d'une bagarre générale dont je me sortis avec relativement peu de dégâts, sans doute grâce au subtil alliage de la maîtrise des arts martiaux et de la souplesse donnée par l'alcool. La maréchaussée locale, qu'une âme fragile avait sans doute cru bon d'appeler, fît le choix discutable de m'offrir l'hospitalité pour la nuit dans une cellule de dégrisement.

Au petit matin, une nouvelle surprise m'attendait : la bière n'était pas gratuite. Qui plus est, le robuste policier de service m'affirma sans ciller que j'avais demandé dans la nuit à ce que la facture soit adressée à Lamanzer. J'ai de sérieux doutes sur cet épisode, je trouve pour le mons étrange de n'en avoir gardé aucun souvenir (alors que je me souviens très bien avoir eu une conversation passionée d'astro-physique avec mon co-détenu John - "show me the moon" - un grand blond avec une carrure de bûcheron qui sembla désolé de me voir partir), mais ressentant une douleur persistante à mon fondement, je choisis d'abréger la discussion en tendant la carte de crédit de mon ami Yargo (j'avais eu la présence d'esprit de l'emporter avec moi, persuadé de l'accord tacite de son propriétaire) pendant que mon viril geolier me répétait encore que "Lamanzer n'était pas d'accord".

Bref, je hélai un taxi et lui demandai de me conduire au centre d'entraînement des Killa Clowns. Aussitôt dit, aussitôt fait, et je me retrouvai bientôt devant les portes massives du Pain Park. J'annonçai au portier que je souhaitais rencontrer monsieur Lamanzer afin que nous puissions confronter nos puissances créatrices, ce magma originel dans lequel le génie côtoie le divin (en ce qui me concerne en tous cas). Ce dernier me demanda mon identité (diantre, que cette contrée est isolée du reste du monde !) puis s'absenta quelques minutes pour téléphoner. A son retour il m'annonça que monsieur Lamanzer "n'était pas d'accord". Je tentai une deuxième approche en insistant pour que l'on transmette au coach d'Anchorage un feuillet sur lequel j'avais noté brièvement une tactique géniale issue de mon esprit fertile. Hélas, trois fois hélas, on m'informa que monsieur Lamanzer "n'était pas d'accord" pour mettre 36 joueurs sur le terrain ou pour me rencontrer. Le ton monta alors quelque peu lorsque je rappellai au portier que son employeur faisait sur une saison somme toute médiocre et que, pour le bien de tous, il ferait mieux de passer outre ses consignes.

Je fis sans doute un usage inconsidéré de la force dans l'empoignade qui suivit puisqu'un juge de paix n'hésita pas à me condamner à trois mois de cellule. Je vais employer ces heures de réclusion à réfléchir, quelque chose s'est passé de travers, sans quoi je n'en serais pas là, mais je n'arrive pas à voir quoi. J'ai utilisé mon coup de téléphone règlementaire pour appeler mon ami Yargo mais fus un tantinet déçu de ce qu'il me demande 5000 euros pour venir me prêter assistance. Je n'ose croire à la fin de notre amitié et je pense que c'est un simple malentendu.

Mais réjouissez vous mes oisillons, je parcourerai de nouveau le vaste monde d'ici peu...

Votre dévoué,
Raymond Tachmol

Ecrit par Raymond Tachmol, le Mercredi 27 Avril 2005, 22:15 dans la rubrique "Nouvelles neuves".

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Commentaires

Mr Light

28-04-05 à 07:01

Il est de retour!

Et quelle plume!


Enfin !

JoeBernardo

28-04-05 à 11:47

Docteur Grozieux ! Enfin !! que cette attente a été longue et ... euhhh ... longue !

Welcome back :-)


SHB

28-04-05 à 15:51

Raymond tu es beau comme, euh, enfin beau quoi.


Re:

KG

30-04-05 à 14:09

Quel salaud ce Yargo, non mais ça alors!


JerryKan

22-05-05 à 19:31

du tres grand art

et un personnage qui me rappelle un certain prof de math...


Je vois tout...

Je vois tout
email: raymond_tachmol@yahoo.fr

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