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La vérité vient du dedans

--> Mens sana in corpore saigno

Il y a peu, j'avais décidé d'écrire un surprenant article "de l'intérieur" sur les franchises d'Ultraball au plus haut niveau. Je savais que nombre de magouilles et de malversations ne se voient que lorsqu'on se trouve au coeur même de l'action, et j'avais la ferme intention de faire la lumière à la clarté lumineuse du grand jour sur les sombres dissimulations cachées dans l'ombre sombre et sournoise de ces cloaques nauséabonds que d'aucun nomment avec un respect teinté de mesquinerie jalouse "bureau de la direction".

Après une mûre réflexion éclairée dans les méandres délicats de mon esprit hors du commun, je me suis rendu au siège de l'équipe dont le siège social est le plus proche de la maison de mes parents à qui je projetais de rendre une petite visite en passant, afin de déposer chez mon adorable maman le linge à laver et repasser de la semaine.

Je débarquai donc un beau matin un peu frisquet dans les faubourgs de Bord eau, afin de prendre un premier contact avec l'équipe de Salleboeuf, où j'étais sûr de recevoir un accueil chaleureux et sans équivoque de la part de ces primates protéïnés qui se veulent sportifs, sans doute parce que la nature ne leur a pas fait la grâce d'un esprit supérieurement doué comme le mien. Partant du principe que l'on nous a toujours enseigné au cours de religion que "le cerveau est la meilleure des armes, la réflexion la meilleure des protections".

A mon arrivée, le village était encore endormi, les vestiaires étaient silencieux, et les poules n'avaient pas chanté. Les équipes du plus haut niveau ne commençaient-elles donc pas leur entraînement à quatre heure du matin comme je l'avais toujours supposé, où cette équipe de fainéants n'avait-elle tout simplement pas le courage d'affronter les rigueurs du petit matin, lorsque la rosée fait perler délicatement son humide froideur sur les pétales encore serrés des fleurs en pleine éclosion ?

Après cinq longues heures d'attente patiente à réciter à haute voix des poèmes de Charles Baudelaire pour faire passer le temps plus vite et chasser de ma tête la certitude que cette bande de vauriens mal peignés étaient en train de me faire perdre mon temps, mon flegme et ma dernière paire de chaussettes sèches; arriva enfin dans son estafette Citroën bleu fatigué le coach Möa dont les traits tirés laissaient à penser que neuf heure du matin était encore une heure bien trop matinale pour venir trottiner dans le brouillard gluant d'un matin à la campagne.

Profitant du fait qu'aucun joueur n'était encore arrivé sur place, je tentai d'entrer en contact oral avec le personnage, mais je n'étais pas sûr que les mots que je prononçais arriveraient suffisamment tôt au siège de la compréhension dans son cerveau pour que la journée ne soit pas terminée avant d'avoir commencé. A ma grande surprise, un sourire vint immédiatement peindre son visage d'un rayon de soleil chaleureux lorsque je lui annonçai que je souhaitais dès à présent faire partie de son équipe, et apporter ma contribution sans égale aux victoires prochaines de sa sympathique franchise. Le métier de journaliste nécessite parfois de faire des concessions sur l'honnêteté des propos et la rigueur de la description de soi-même, aussi minimisai-je un peu mes compétences physiques et sportives pour qu'il n'ait pas de but en blanc l'impression que mon niveau était trop important pour que son équipe puisse servir judicieusement mon incontestable talent de blitzeur.

"Mwarf, vous m'faites rire avec vos lunettes. On vous a greffé un balai dans l'cul ou c'est vot' maman qu'a trop amidonné vot' col de ch'mise ?" Je pris immédiatement cette boutade à la finesse bien Ultrabalienne pour sa manière à lui de me souhaiter la bienvenue dans son club. Il avait besoin de moi et il le savait. J'étais dans la place. Tachmol 1 - Ultraball 0.

Peu après, les membres de l'équipe arrivèrent au compte goutte et vinrent s'asseoir dans la buvette du club, dans laquelle le coach Möa a installé son bureau. Je pensais que le briefing commencerait de suite, mais avant que j'ai pu prendre la parole pour me présenter à l'équipe et les rassurer sur le fait que j'essayerais de ne pas leur faire sentir leur infériorité, plusieurs bouteille d'un breuvage local d'un rouge grenat aux parfums de fraise des bois et de champignons étaient débouchées. Je ne sais s'ils fêtaient quelque chose, mais il semblait opportun de trinquer avec eux avant l'entraînement. Une vingtaine de bouteilles plus tard, le coach Möa assis sur les épaules de monsieur Villa qui faisait la chenille avec les autres membres de l'équipe hurla "En route bande de troufignons, changez vous en vitesse puis vous m'faites 250 pompes avant de commencer".

Je n'avais aucun vêtement de sport, ayant supposé que l'équipe me fournirait le matériel ad-hoc, aussi me retrouvai-je en chemise, pantalon de velours côtelé et chaussures à semelle de crêpe à quatre pattes avec mes nouveaux camarades de jeu sur le terrain. Je ne comprenais pas bien qu'elle blague les faisait rigoler autant mais toujours est-il qu'après un ou deux pompages, j'estimai être largement assez prêt pour débuter l'entraînement, aussi je m'isolai dans les vestiaires pour me concentrer en attendant qu'ils aient fini de s'échauffer.

Lorsque le coach Möa arriva sur le terrain, une bouteille à la main, il éructa "En file, entraînements aux placages, aujourd'hui c'est Tachmoal qui tente d'esquiver". Il n'avait pas écorché mon nom, j'avais simplement changé légèrement son orthographe pour faire couleur locale et éviter qu'il ne reconnaisse immédiatement mon patronyme désormais adulé dans le monde de l'Ultraball; je ne voulais pas de traitement particulier, sinon comment aurais-je pu mener ma mission à bien ?

Après une heure de vaines tentatives d'esquives des assauts brutaux de ces jeunes gens bien énervés - allez savoir par quel mystère de la complexité humaine ? - par ma proposition de prendre quelqu'un ayant plus que moi le besoin de s'entraîner à l'esquive pour jouer ce rôle clé de l'entraînement, j'avais le nez en sang et aucune idée quant aux éventuelles possibilités futures pour moi d'un jour me relever, ou d'un jour pouvoir mordre dans un steack sans devoir réajuster ma prothèse dentaire à chaque bouchée. Je crois que c'est quand il s'entraînèrent à la mêlée juste à l'endroit où je me trouvais que je reçus quelques coups de pieds - bien involontaires j'en suis sûr - qui cassèrent ma jambe gauche et les trois os de mon bras droit en 45 morceaux. Je patientai tranquillement allongé sur un brancard dans un coin des vestiaires jusqu'à l'heure où la femme de ménage qui allait éteindre les lumières me demanda si je comptais continuer de perdre mon sang à l'endroit où elle venait de nettoyer, et j'en profitai pour lui proposer de m'appeler une ambulance car il était probable qu'il n'y avait plus de bus à cette heure de la nuit.

J'avais en effet suffisamment d'informations pour mon article, il ne m'était plus nécessaire de prolonger ma collaboration avec l'équipe, j'espérais seulement que le bien sympathique coach de cette fringante équipe ne m'en voudrais pas de partir sans le remercier.

De ma chambre d'hôpital où j'écris ces lignes, je puis donc aujourd'hui affirmer, après une enquête minutieuse et patiente, que le coach Möa nous cache quelque chose. Sa Citroën bleue est la preuve évidente qu'il y a quelque chose de louche dans cette équipe. Il faut aujourd'hui que le monde sache. Le coach Möa a une liaison coupable avec Armando "Moa-Nho" Villa.

Votre dévoué,
Raymond Tachmol

Ecrit par Raymond Tachmol, le Lundi 15 Mars 2004, 18:27 dans la rubrique "Nouvelles neuves".

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Commentaires

ben

KolonelGunther

15-03-04 à 21:20

je l'ai tjs su, remarquez.


Ca sent le vécu

JoeBernardo

16-03-04 à 18:01

Les enfants étaient gentils avec toi dans la cours de récréation monsieur Grozieux ?


Je vois tout...

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email: raymond_tachmol@yahoo.fr

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